Documentaire américain de Chris Smith, Dan Ollman et Sarah Price (1 h 23.)
C'est un réseau d'activistes altermondialistes bourrés d'humour et d'audace. Héritiers des situationnistes et de Fluxus, les Yes Men cultivent un art raffiné de l'imposture qui leur permet d'infiltrer les médias les plus puissants et d'y livrer une guérilla musclée. Vingt ans après la catastrophe écologique du Bhopal qui fit 20 000 morts en Inde, l'un d'eux s'est par exemple fait passer auprès de la BBC pour le porte-parole de Dow Chemical, le groupe propriétaire de l'usine dont s'est échappé le gaz mortel, et a annoncé à l'antenne que son employeur reconnaissait sa responsabilité et offrait 12 milliards de dollars de compensation à la région et à ses victimes. Dow Chemical n'a eu d'autre choix que d'annoncer publiquement que la société ne ferait rien de tout cela.
Avec un arsenal qui allie le virtuel et le réel, la performance physique et la médiatisation, les Yes Men distordent la rhétorique capitaliste en remplaçant le théorique et le politiquement correct par des chiffres et des faits qui illustrent les effets concrets du capitalisme mondialisé.
Le documentaire de Chris Smith, Dan Ollman et Sarah Price porte sur une série d'actions menées contre l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Une bonne partie du film tourne autour de la fabrication d'une combinaison dorée dont s'échappe, quand on l'en libère, un pénis géant en érection. Le vêtement était l'ancrage d'une performance en Finlande, lors d'une conférence où Andy Bichlbaum et Mike Bobanno, fondateurs des Yes Men, se faisaient passer pour deux cadres de l'OMC. Après une introduction dans laquelle ils démontrent, chiffres à l'appui, la supériorité en termes de rentabilité de la délocalisation de la main-d'oeuvre dans le tiers-monde sur l'esclavage, Mike arrache le costume de son collègue et découvre le phallus géant. Doté d'une caméra en son extrémité, il permet aux chefs d'entreprise, pendant leurs loisirs, de surveiller en permanence le travail dans leurs usines aux quatre coins du monde.
Hilarante, cette intervention accomplie avec le plus grand sérieux n'en est pas moins inquiétante par l'absence de réaction qu'elle suscite dans le public d'élites politiques et économiques qui y assiste, manifestement anesthésié par le label OMC sous lequel se sont présentés les deux hurluberlus.
UN VRAI SPECTACLE
Selon une forme simple et honnête, Yes Men suit ainsi, sans commentaire, plusieurs de leurs interventions sur une période de quelques mois, depuis la préparation jusqu'à la représentation finale. Un véritable spectacle, dans lequel on se déguise, on joue le rôle d'un autre, devant un public...
Ce film qui étudie une forme d'action politique est par bien des aspects un documentaire sur le travail d'acteur et invite à réfléchir sur les fins, les moyens et l'efficacité de l'action politique dans une société hyper-médiatisée. Obligés, pour continuer à duper le monde, de changer constamment d'identité, de réinventer de nouvelles formes d'interventions, les Yes Men posent des questions passionnantes, notamment sur l'opportunité ou non d'utiliser les armes de l'ennemi.
J’ai vu le documentaire et j’ai trouvé qu’ils avaient d’excellentes idées. J’ai envie de concevoir un projet inspiré de leurs actions. A savoir, monter un site à partir duquel on pourrait me confondre avec la cible de notre choix. Mettez-moi toutes vos suggestions afin qu’on puisse mettre au point un projet bien ficelé.